Label Maison des Illustres
Une maison labellisée
Créé en 2011, par Frédéric Mitterrand, alors ministre de la Culture et de la Communication, ce label a pour objet de signaler au public les lieux dont la vocation est de conserver et de transmettre la mémoire de toutes les femmes ou hommes qui les ont habités et se sont illustrés dans la construction de l’histoire publique, sociale et culturelle de la France.
Des écrivains, des musiciens, des savants, des officiers généraux, plusieurs grands personnages de notre passé historique composent une palette très riche et diversifiée des talents, des caractères, des volontés les plus remarquables qui se sont additionnés au fil du temps pour composer le patrimoine historique, social, scientifique et culturel de la France.
De la maison au domaine, du château à l’appartement, et du musée à l’atelier ou au laboratoire, voire à l’usine, les « Maisons des illustres » au nombre de plus de 220, constituent un ensemble patrimonial important et original dont le ministère de la Culture entend faire reconnaître la valeur culturelle et développer l’importance et l’influence dans les environs de leur lieu d’implantation et au-delà.
Pour obtenir ce label, la « maison » concernée doit être ouverte au public au moins 40 jours par an et ne pas poursuivre un but commercial.
Sont également pris en considération pour accorder le label qui est renouvelé tous les cinq ans : l’état de conservation, la mise en valeur du lieu et la qualité du dispositif d’accueil.
La maison natale de François Mitterrand à Jarnac a reçu le label « d’illustre » dès la création de ce dernier.
Les maisons d’illustres les plus nombreuses sont celles des écrivains
dont certains ont plusieurs maisons à leur nom dans diverses localités,
selon les différents lieux où ils ont vécu aux étapes successives de
leur vie, tels Victor Hugo, Stendhal, Honoré de Balzac ou Chateaubriand.
Les personnages historiques qui ont occupé les fonctions de chef d’Etat,
roi (hors des demeures royales ou impériales d’une certaine façon «
classées à part »), empereur ou président sous la Troisième et Cinquième
république, ou président du conseil sont beaucoup moins nombreux.
Ce sont le roi Louis Philippe, Napoléon Bonaparte, Georges Clémenceau,
Léon Gambetta, Gaston Doumergue, Henri Queille, Robert Schuman, Charles
de Gaulle, François Mitterrand.
Il ne s’agit pas naturellement d’un classement de quelque nature que ce
soit puisque le label d’illustre est le résultat de la conjonction de
deux réalités historiques : la demeure et la destinée de celui qui l’a
habitée et naturellement les diligences de ceux qui au long des siècles
ou des années se sont évertués à construire une mémoire vivante et riche
autour du lieu choisi.
Il apparaît naturel que la maison natale de François Mitterrand soit devenue celle d’un illustre. A plusieurs titres. D’abord l’importance de celle-ci aux premières années décisives de sa vie au sein d’une famille nombreuse enjouée, en même temps conservatrice, catholique et libérale, au sein de laquelle les enfants baignaient dans la rigueur de l’éducation familiale et l’ouverture aux choses de l’esprit et du partage des talents. De cette enfance riche, François Mitterrand tira de suite, notamment sous l’influence de sa mère, le goût de la lecture qui le conduisit à celui de la littérature dont très jeune il devient un familier et connaisseur assidu et érudit. On connaît, puisqu’il les a notées sur un cahier, les titres des ouvrages des auteurs qu’il lut lorsqu’il était étudiant à Paris de novembre 1935 à décembre 1938. Ceux-ci sont au nombre de 223 pour 171 auteurs différents. Huit auteurs dont une ou plusieurs maisons ont été labellisées « illustres » figurent parmi ceux les plus lus par François Mitterrand dans la période considérée. De ces lectures enfiévrées auxquelles il se livra toute sa vie, François Mitterrand retira le goût de l’écriture et du verbe dans lesquels il excellait comme en témoignent les 16 ouvrages qu’il a publiés de 1946 à 1995 sans citer les très nombreux articles qu’il écrivit tout au long de sa vie politique ainsi que les non moins remarquables discours qu’il prononça dans sa carrière de militant politique, de député, d’élu local, de ministre ou de Président de la République. Dès lors peut-on dissocier le geste et la maîtrise de la langue, de la réflexion et de la culture littéraires et historiques qui étaient à l’origine et à la base de ses convictions, de son engagement politique et de l’exercice des fonctions que les mandats politiques ; particulièrement celui de Président de la République, seul Président de la Vème République à assumer de telles responsabilités pendant 14 ans. Car c’est dans la maison natale, désormais illustre, que tout a commencé et auprès de laquelle il a voulu reposer au terme de sa vie.
Gilles Ménage